The only thing I do know is that we have to be kind. Please, be kind. Especially when we don't know what's going on.
Résumé :
Daniel Kwan et Daniel Scheinert, aussi appelé les Daniels, ont commencé à travailler sur le projet en 2010, soit 12 ans avant la sortie de ce dernier. Dès le début, il savait que leur terrain de jeu principal serait le multivers. En 2018 sort Spider-Man: New Generation et les auteurs s’inquiètent, car ils se disent que certains pourrait les battre sur le projet qu’il bâtisse depuis 8 ans. Une autre réflexion les percute quand la saison 2 de Rick et Morty semblait reprendre toutes les idées qu’ils leur semblaient originales, au point que Kwan arrête de regarder la série durant l’écriture de leur histoire. Plusieurs inspirations viendront parsemer la conception, comme celle des films de Wong Kar-wai, le livre pour enfant Sylvester and the Magic Pebble ou encore le jeu vidéo Everything. Dans un premier temps, le scénario est écrit pour que le rôle principal soit attribué à Jackie Chan, mais les Daniels décideront finalement de faire du personnage principal une femme, pour que la dynamique mari-femme soit plus compréhensible.
L’actrice qui sera choisie pour le rôle principal sera Michelle Yeoh. Après leur changement de direction concernant le personnage principal, ils imaginaient Yeoh dedans. Awkwafina sera un temps attaché au projet pour jouer le rôle de la fille de Yeoh, mais suite à un conflit d’emploi du temps, le rôle sera confié à Stephanie Hsu. Entre temps, James Hong et Jamie Lee Curtis rejoindront la distribution, tout comme Ke Huy Quan. Ce dernier fera son retour au cinéma après s’être retiré en 2002 suite à un manque d’opportunité de casting. L’idée d’engager Quan est venue d’un mème et par coïncidence, il avait repris son travail d’acteur très récemment avant que les Daniels ne l’approchent. Le tournage durera 38 jours, de janvier 2020 à mars. Certaines scènes de combat ont même été tournées en une journée. Après une mauvaise expérience sur les effets visuels de leur précédent film, les Daniels décident de gérer cette partie en interne avec une poignée de personnes (5) et Adobe After Effects. La musique sera composée par le groupe Son Lux, qui, à la demande des réalisateurs, a dû aborder la partition individuellement. Ils leur auront fallu deux à trois ans pour composer leur partition.
Le film sera distribué par le studio A24, spécialisé dans la distribution de film indépendant et qui sorte des lignes tracées par le cinéma actuel. À sa sortie, le film est un succès critique unanime. La presse salue son originalité, son scénario, sa réalisation, ses interprétations (en particulier celle de Michelle Yeoh, Stephanie Hsu, Ke Huy Quan et Jamie Lee Curtis), ses effets visuels, sa conception des costumes, ses séquences d'action, sa partition musicale et son montage. Beaucoup d’éléments seront analysés après son visionnage, comme sa représentation de concepts philosophiques tels que l'existentialisme, le nihilisme et l'absurde, la dépression, le traumatisme générationnel et l'identité asiatique-américaine. Le New York Times qualifiera le film de "tourbillon d'anarchie de genre" avec des éléments de comédie surréaliste, de science-fiction, de fantastique, de films d'arts martiaux et d'animation. La tournée des prix a été prolifique pour l’équipe du film, car ce dernier est tout simplement devenu le film le plus récompensé de tous les temps, dépassant Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi. Sur Rotten Tomatoes, le film obtient 94% pour 389 critiques et 87% pour plus de 2 500 spectateurs. Metacritic, lui, donnera la note de 81 sur 100 pour 54 critiques. En salle, le succès est également au rendez-vous. Pour un budget de 25 millions de dollars, il en a rapporté plus de 113 millions dans le monde et cumulera plus de 348 milles entrées en France. Avec une telle somme récoltée dans le monde, il devient le premier film du studio A24 a dépassé la barre des 100 millions de dollars, dépassant le précédent record détenu par Hérédité.
Mon avis :
J’ai enfin pu découvrir Everything Everywhere All at Once après tout le monde. Que ce soit durant son exploitation en salle où lors des cérémonies de récompenses très récentes, le film n’a reçu que des éloges. Plus le temps passé et plus mon impatience s’amplifier à la découverte de ce phénomène. Avec un tel engouement, il peut être facile d’être déçu, parfois les gens vendent tellement le film que cela créé de l’attente et à l’arrivée une potentielle déception. Ici, ça n’a pas été le cas pour moi, je me suis pris une claque comme la majorité des spectateurs. Si je devais le résumer simplement, je dirais que ce film est finalement le véritable "Multiverse of Madness" qu’aurait dû être le deuxième Doctor Strange. En effet, ce dernier était beaucoup trop timide avec le thème du multivers, contrairement à l’œuvre d’aujourd’hui. Pour être honnête, c’est la première fois depuis longtemps que j’étais surexcité à la découverte d’un film. Plus les minutes défilés, plus mon excitation montée, c’était fou comme sensation. Le rythme frénétique du film est diablement efficace, si on ajoute à ça les musiques de Son Lux, on a un cocktail parfait pour nous accrocher. Il faut tout de même admettre que ce rythme peut dérouter par moment, ça peut en rebuter certains, mais pour moi, il vaut la peine de s’accrocher. Je pense que le choix de ce rythme est aussi là pour servir le propos et pas uniquement pour divertir, même si, ici, on voit que les deux sont possibles. La mise en scène des Daniels est irréprochable, dès la première scène, ils nous mettent une claque. C’est simple, tout le long du film les Daniels nous en mettent plein la vue, comme pour le rythme, ils ne nous laissent aucun répit et c’est tant mieux pour nous, car ce qu’ils proposent est vraiment rafraîchissant. Ça fait plaisir de voir qu’il y a encore ce type de film qui arrive en salle et au vu du succès de ce dernier, ça donne un bon espoir pour la suite du cinéma. Pour en revenir à la mise en scène, cette dernière, pour les scènes de combat, est tout bonnement saisissante ! C’est un régal de voir des combats aussi bien chorégraphiés et aussi bien filmés. On nous offre à la fois des combats très stylés, mais aussi complètement barré et drôle parfois. C’est aussi l’une des forces du film, son humour et ses moments complètements déjantés. Le tout est parfaitement maîtrisé, pour qu’on n’en ait pas une overdose.
Everything Everywhere All at Once est un film inventif en tout point. Il a été un défouloir créatif pour tous les corps de métier impliqué dans la production. Que ce soit pour les décors, les costumes, le chef opérateur, la photographie, les chorégraphes, les effets spéciaux, l’écriture et la mise en scène. C’est simple, je pense que tout le monde s’est éclaté durant la conception de ce long-métrage. Toute cette surcharge d’inventivité fait plaisir à voir. Il faut admettre que faire un film aussi riche avec si peu de budget (en comparaison des gros blockbusters actuels), c’est fou. Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir un budget de 200 millions de dollars pour faire un film aussi riche, inventif et bourré de super idée visuelle. Je n’en ai pas encore parlé, mais il est l’heure. Le casting est fabuleux en commençant par la magnifique Michelle Yeoh qui crève l’écran par son talent. Les Daniels ont choisi l’actrice parfaite pour mener leur film. Difficilement appréciable au début, on s’attache finalement très vite à elle. J’ai aussi "découvert" Stephanie Hsu qui m’a bluffé, je l’ai adoré. J’ai mis des guillemets à "découvert", car nous l’avons déjà vu dans Shang-Chi, mais dans un rôle beaucoup plus tertiaire. Ici, elle déploie tout son talent dans un rôle plein de surprise. Si je parle de la distribution, il faut évidemment mentionner le retour au premier plan de Ke Huy Quan, plus connu pour ses rôles dans Indiana Jones et Les Goonies. Après cela, il a été plutôt discret, mettant en pause sa carrière en 2002 fautes d’opportunité de casting. C’est un réel plaisir de le revoir, dans un rôle qui lui va parfaitement bien pour son retour en fanfare. Son personnage est très touchant et attachant, je l’aime de tout mon cœur. Le dernier-né des Daniels brille également par son écriture. Il arrive à être touchant quand il le faut sans amoindrir les autres aspects du film. L’écriture des personnages est, elle aussi, réussie. On s’attache facilement à eux et leur évolution est agréable à suivre. Les différents messages et sous-texte promulgués ont réussi à me toucher plusieurs fois sans forcer.
Voilà pour mon avis sur Everything Everywhere All at Once de Daniel Kwan et Daniel Scheinert. Un film qui réussit tout ce qu’il entreprend et qui mérite amplement son succès critique. Certains diront qu’il est chaotique et c'est le cas, mais c'est un magnifique chaos, comme on en voit rarement. Pour moi, il est parfait en tout point. C'est si beau et touchant à la fois, tout en étant un grand film d'action qui parle du multivers. C’est une prouesse. Merci A24 de toujours distribué ce genre de film ! Ils sont vraiment bénéfiques au cinéma actuel. Tout cela m’aura donné envie de voir Swiss Army Man, leur premier long-métrage ensemble qui est dans ma liste depuis longtemps maintenant. J’ai déjà hâte de leur retour avec un nouveau projet qui, je l’espère, sera aussi fou et réussi.
(Rédigé le 18/03/2023)