Why have you disturbed our sleep; awakened us from our ancient slumber? You will die! Like the others before you, one by one, we will take you.
Résumé :
L’idée du film d’aujourd’hui vient de deux personnes qui ont grandi ensemble et fait quelques films amateurs, Sam Raimi et Bruce Campbell. Leurs films amateurs étaient principalement des comédies, mais dans l’un d’eux (It's Murder !), le tournage d’une scène de suspense les a incités à se tourner vers les films d’horreur. Evil Dead provient dans un premier temps d’un court-métrage créé par Raimi, Within the Woods, afin de convaincre des financiers d’investir dans son idée de long-métrage. Pour financer son projet, Raimi fait des demandes de dons à plusieurs personnes, en supplie même certaines, tandis que du côté de Campbell, il demandera à des membres de sa famille de participer financièrement. Tous deux continuent de demander à des personnes intéressées par le projet d’investir et récolte la somme de 375 milles dollars, une somme inférieure qu’espérer le réalisateur. Avec cet argent, Raimi se lancera à 20 ans dans sa première réalisation professionnelle, qu’il considère comme son "rite de passage".
Pendant la production, la majorité de l’équipe était constituée d’amis, d’anciens collaborateurs et membre de la famille de Sam Raimi et de Bruce Campbell. Ce dernier proposera de produire le film avec Robert G. Tapert et pour une question de praticité, Campbell sera également l’acteur qui jouera le personnage principal, Ash. Betsy Baker et Ellen Sandweiss rejoindront le casting, la première via une annonce passée par le réalisateur dans un journal de Detroit et la seconde était déjà présente dans le court-métrage Within the Woods. Le tournage se déroulera dans une cabane abandonnée à Morristown, dans le Tennessee et le tournage en question sera éprouvant pour tous les membres de l’équipe. Entre des tensions naissantes, le manque de place, le froid et de nombreuses blessures. Des années plus tard, Campbell décrira le tournage comme "douze semaines d’exercices d’agonie sans joie", tout en admettant qu’il avait réussi à s’amuser.
À sa sortie, mais également bien plus tard, les critiques autour du film sont unanimement positives. Il entrera dans le panthéon des films culte les importants de sa génération, toujours cité parmi les plus grands films d’horreur de tous les temps et l’un des films indépendants les plus réussis. À l’époque, pour un budget de 375 milles dollars, il en rapportera 29 millions dans le monde. Aux États-Unis, il récoltera 2 millions de dollars, tandis qu’en France, il cumulera 487 milles entrées. Sur Rotten Tomatoes le film à 85 % pour 80 critiques et 84 % pour plus de 100 milles spectateurs. Sur Metacritic, il obtiendra la note de 71 sur 100 pour 11 critiques. Fort de ce succès critique et commercial, Evil Dead deviendra une franchise, avec de nombreux jeux vidéo et comics, mais surtout des suites. La première sera Evil Dead 2, qui sera suivi par Evil Dead 3 : L'Armée des Ténèbres. Puis silence radio au cinéma, jusqu’en 2013 avec un soft reboot (ils refont le premier, mais en gardant la continuité des épisodes précédents) beaucoup plus violent et gore, s’éloignant du côté humoristique des deux précédents volets. De 2015 à 2018, une série TV (Ash vs. Evil Dead) est diffusé, toujours dans la continuité des films précédents. Mercredi dernier (le 19 avril) est sorti le cinquième opus, Evil Dead Rise, qui est dans la continuité du film de 2013, à savoir plus sombre, plus sérieux, très violent et évidemment très gore.
Mon avis :
Evil Dead est un classique des années 80, un film d’horreur culte de cette décennie, et même encore aujourd’hui. Il fait partie de ces films qui m’ont hanté plus jeune, à l’instar de Shining, Requiem for a Dream, Rec, etc. La sortie récente d’Evil Dead Rise et sa communication omniprésente m’ont rappelé à quel point le premier opus m’avait marqué. Avec cette nouvelle sortie et en quelques bandes-annonces et teasers, ils m’avaient de nouveau changé en un ado froussard. Vu dans l’état dans lequel je me mettais en si peu d’image, je me suis dit que ce serait une bonne chose d’affronter à nouveau ce premier Evil Dead. Le verdict tombe, j’aime toujours autant ce film, mais il m’a nettement moins fait peur que dans mes souvenirs. Même si certains effets restent réussis, je pense qu’avec le temps, une partie de la magie s’estompe. On voit plus facilement les ficelles et cela nous fera en partie moins peur. Cela ne change rien au fait que j’aie une grande admiration pour le travail accompli par Sam Raimi et toute son équipe, avec si peu de moyen et beaucoup de débrouille, ils ont sorti un film aujourd’hui culte et qui a marqué de très nombreuses personnes à travers le monde. Oui, certains effets sont très visibles, comme les prothèses, les mannequins, le maquillage et certains effets gores, mais encore une fois, avec si peu de moyen, je trouve qu’ils ont tout de même réussi leur coup et relevé un beau défi. Tout cela n’empêche pas le film d’avoir des scènes marquantes comme avec le crayon, la fameuse trappe ou encore ces horribles arbres… Ces deux dernières sont même devenues des classiques de cette œuvre. Il s’agit du premier long-métrage de Raimi en tant que réalisateur professionnel et il impose déjà ce qui sera sa patte, avec des mouvements de caméra et des gimmicks qui deviendront, une nouvelle fois, culte. La caméra au ras du sol pour simuler le mouvement d’un démon en chasse est devenu un classique, tout comme ses zooms et gros plans particuliers. Ils seront réutilisés par beaucoup, notamment Raimi lui-même dans le deuxième Doctor Strange. L’introduction est d’ailleurs assez efficace avec une caméra parfois assez éloignée des événements pour nous donner vraiment la sensation qu’une entité observe et suit les protagonistes.
L’un des aspects réussis du film, c’est son rythme. C’est simple, nous n’avons pas à attendre une heure pour que les choses deviennent intéressantes, on va droit au but. Rien que la scène du dessin nous met dans l’ambiance. Une fois les événements lancés, le rythme ne ralentit que très peu et grâce à ça, le film est très divertissant. Les musiques de Joe Loduca sont également réussies, mention spéciale pour celle qui accompagne l’ouverture du livre. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c’est celle-ci qui m’a le plus interpellé. Il faut aussi saluer les décors qui participent très grandement à l’ambiance du film. La forêt est loin d’être rassurante et la cabane n’inspire pas plus confiance, au contraire. Si on ajoute à ça la cave et sa fameuse trappe, nous avons un beau combo pour un décor horrifique. Si je devais souligner un point négatif, ce serait l’écriture globale des personnages. J’avais noté le fait que l’un des personnages soit une tête à claques, mais en soi, c’est plus une chose qui revient dans les films en général et souvent dans les films d’horreur, donc difficile de lui reprocher ça. Par contre, j’ai vraiment eu la sensation qu’il n’y avait aucun attachement entre les personnages, aucune complicité. J’ai eu du mal à croire que ce groupe soit réellement amis et certains en couples. Le plus "drôle" étant que je n’ai compris qu’en plein milieu du film que le personnage de Cheryl était la sœur d’Ash. Je pense que ce lien de parenté aurait mérité une meilleure explicitation, car en sachant cela, je pense que j’aurais pu être plus touché par leur sort.
Voilà pour mon avis sur Evil Dead de Sam Raimi, un premier film en tant que réalisateur très réussi. Je ne le répéterais jamais assez, mais j’ai une grande admiration pour ce film et le travail fait avec si peu de moyen. Il n’est pas exempt de défaut, mais il a le mérite d’aller au bout de ses idées avec ses moyens. Certains le trouveront ridicule en le regardant aujourd’hui, mais de mon côté, je le trouve toujours efficace, bien qu’il m’ait fait moins peur que dans ma jeunesse. J’ai hâte de revoir le deuxième et je redoute tout de même le visionnage du remake de 2013 et la dernière sortie, Evil Dead Rise, car je reste avant tout une flipette et que pour regarder un film d’horreur, il me faut du temps afin de me préparer psychologiquement.
(Rédigé le 22/04/2023)
